On peut observer que la société est organisée de façon méticuleuse quoique d’une logique un peu complexe : tant que vous êtes vivant, on peut vous ignorer, vous laisser dépérir et même crever si le cœur vous en dit. Mais que l’on vous tue, et la société vous doit de dépêcher enquêteurs et moyens à profusion. Rien n’est trop beau : et celui à qui l’on aurait refusé de payer un appareil auditif ou un dentier quelques jours auparavant est en droit sitôt trucidé de revendiquer le nec plus ultra de la science pour que l’on connaisse qui a attenté à des jours dont tout le monde se foutait de son vivant. D’ailleurs les vocations parentales tournent à plein régime pour produire chaque jour davantage de petits enfants, la société ne voulant, plus que jamais, que du tout neuf et du jetable : il est d’autant remarquable alors que la disparition violente de l’un de ses participants semble poser un problème.