Il faut interdire Figaro

On connaît le contexte : dans le Barbier de Séville, le comte Almaviva et Figaro échangent quelques piques. Le comte reproche à Figaro d’être un domestique de piètre valeur, la réplique fuse :

  • Aux vertus qu’on exige dans un domestique, Votre Excellence connaît-elle beaucoup de maîtres qui fussent dignes d’être valets ?

Le comte rit. Il a tort. On est en 1775 : c’est avec des répliques comme cela qu’on lui coupera la tête sous peu.

De fait il est deux sortes d’autorité : celle de la fonction, celle de la compétence. Il est bien normal de supporter celle qui vient de la compétence, c’est-à-dire celle émanant de quelqu’un qui saurait parfaitement accomplir la tâche qu’on nous demande : encore faut-il  que cette autorité se manifeste avec modestie et discernement. Elle devient  vite intolérable sitôt qu’on la subit uniquement en raison de la fonction de la personne qui est en face de nous, de son titre, bref que c’est « The chef » : on exécute, on n’en perd pas de vue pour autant qu’on en sait plus que lui… Voilà qui est fâcheux…

On est tous soumis, à un moment ou à un autre à une autorité qui nous donne des ordres.  Figaro invite juste à l’élève à s’interroger : ce professeur en face de moi est-il réellement plus compétent que moi ? De même peut-il se poser la question face à ses parents… De façon plus générale, tout individu qui travaille, salarié ou fonctionnaire, est amené à se demander si son supérieur hiérarchique a plus de raison de donner des ordres que d’en recevoir. Almaviva rit ? Quel idiot !

Un exercice simple : remplacer le terme de « domestique » et de « valet » par celui de sa propre fonction.  De même substituer à celui de « maître » le titre du supérieur… Verdict ?

Bref Figaro amène à s’interroger, à faire du mauvais esprit, ce qui n’est jamais une bonne chose.

Il serait bien plus sage de l’interdire.

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