Les gens boudent l’isoloir. L’homme politique n’aurait plus prise sur la vie réelle des gens. Les décisions seraient prises ailleurs, la théorie du complot n’est pas loin.

Mais les grandes bifurcations de l’histoire de l’humanité ont-elles jamais été soumises au vote ?

L’on invente l’électricité : elle se répand. A-t-on voté pour ou contre son développement ? En aucune façon. Pourtant elle va révolutionner l’ordre du monde : on ne vit plus au rythme du soleil, la notion de jour et de nuit s’abolit. La sensation du temps ne sera plus jamais la même.

L’on invente l’automobile : elle se répand. A-t-on voté pour ou contre son développement ? En aucune façon. Pourtant avec cela on vient d’inventer la mobilité, le nomadisme généralisé. La notion de distance physique vient d’être abolie. Le monde est en route pour devenir un petit village.

L’on invente internet : il se répand. A-t-on voté pour ou contre son développement ? En aucune façon. Pourtant corolaire de la voiture on vient d’inventer la fulgurance de toute communication, l’accès immédiat à toute connaissance.  La distance intellectuelle vient d’être abolie. Le monde est en route pour n’être plus qu’une grande cervelle unique.

Faut-il étoffer la liste ? Elle menace d’être infinie.

L’homme politique a-t-il quelque prise sur le réel ? Sûrement. Il n’est pas indifférent de voter Hitler ou Churchill.  Une part lui échappe-t-elle de plus en plus ? On ne peut rien exclure. Mais peut-être que, de toute éternité, le monde a-t-il été traversé de grands courants qui le révolutionnent, que personne n’avait prévus, et qui ne laisse plus rien du monde ancien, monde nouveau, pas meilleur et pas pire, différent, dont on ne prend conscience que bien plus tard, trop tard pour que l’on puisse s’interroger s’il est à prendre ou à rejeter. Inquiétant et passionnant forcément.