Place des Vosges, à Paris, il y a l’un des appartements qu’habita Victor Hugo. On peut encore y chercher sa trace, humer quelques souvenirs, rêver à sa Léopoldine emportée dans les flots – que serait l’art sans l’invention du chagrin ? Hugo, c’est aussi celui qui s’opposa à Napoléon III. Les charges de Hugo furent terribles, on en retrouve la trace dans les Châtiments… Par prudence Hugo s’exila dans des îles où l’on trouve désormais moins de poètes que d’exilés fiscaux.  Le poète a gagné :  longtemps on assimila Napoléon III à quelque sombre crétin, le jugement du poète fut celui de la postérité, trop sévère sans doute….

Est-ce la place des Vosges qui veut cela ? Il y a quelques dizaines d’années un écrivain, le polémiste Jean-Edern Hallier chercha un adversaire à sa mesure, qu’il estimait considérable. Lui habitait place des Vosges, son adversaire résidait à l’Elysée : c’était François Mitterrand. Longtemps il avait été compagnon de route de Mitterrand, parfois même son sniper pour écrire quelque vilaine chose. Et puis le temps passe, et les amis devinrent ennemis à mort, c’en est même souvent l’issue logique lorsqu’on a le loisir de mener les choses à leur terme. Des livres furent écrits contre le Président, ainsi L’honneur perdu de François Mitterrand, des ennuis s’accumulèrent sur la tête de Jean Edern Hallier, les amis du Prince étant toujours plus à redouter que le souverain lui-même.

Et le temps a fait son œuvre, quelle surprise. Ils sont morts, tous les deux, ce sont des choses qui arrivent, presque à un an, jour pour jour d’intervalle,  étonnante coincidence.  Jean Edern Hallier avait rêvé de refaire le coup de Hugo, être celui qui ruinerait le souvenir de Mitterrand : mais pour cela il eût fallu qu’il ait son talent, et Mitterrand au moins celui de Napoléon III …. Etait-ce le cas ? L’histoire le dira, on a bien son avis, pour l’un, pour l’autre….

Place des Vosges. Le temps a passé… On peut flâner, le long des Arcades…. Pas mal de galeries d’art, des terrasses plaisantes…

C’est un très bel endroit.